Art & Culture
Lausanne célèbre la photographie contemporaine
Le festival « Images de Demain » attire chaque année artistes et amateurs. L’événement met en lumière la créativité suisse et internationale dans une ambiance conviviale.
2025-10-27 09:25 — Chronique de Chloé Martin
    Chaque automne, Lausanne se transforme en capitale helvétique de l’image. Le festival « Images de Demain », installé dans les rues, galeries et musées de la ville, attire des milliers de visiteurs passionnés de photographie contemporaine. Les façades se parent de projections monumentales, les vitrines deviennent des cadres, et l’espace urbain se mue en galerie à ciel ouvert.
Né il y a une dizaine d’années, l’événement a su imposer sa singularité. Contrairement aux salons traditionnels, il privilégie l’exposition en extérieur et la rencontre entre art et quotidien. Les passants découvrent ainsi des œuvres au détour d’une ruelle ou d’une place, sans barrière ni ticket d’entrée. Cette ouverture démocratise la photographie et stimule la curiosité du public.
L’édition de cette année met à l’honneur le thème du « temps suspendu ». Près de cinquante artistes venus de Suisse et d’ailleurs y explorent la mémoire, l’attente et le mouvement. Le visiteur passe d’une image en noir et blanc saisissant une rue de Tokyo à une projection en couleurs sur la façade du Palais de Rumine, révélant les visages de Lausanne la nuit.
Parmi les artistes les plus attendus figure la Lausannoise Clara Berset, connue pour ses portraits poétiques de travailleurs du lac Léman. Ses clichés, empreints de douceur et de réalisme, captent l’instant fragile entre effort et repos. « Je photographie la lumière du matin sur la peau, c’est là que le vrai récit commence », confie-t-elle lors d’une rencontre publique.
Le festival ne se limite pas aux expositions. Des ateliers gratuits sont proposés aux jeunes photographes, encadrés par des professionnels renommés. Ils apprennent à composer une image, à comprendre la lumière naturelle et à raconter une histoire en un seul regard. Cette transmission de savoir constitue l’un des piliers de la manifestation.
Lausanne profite de l’événement pour affirmer sa place dans la scène artistique européenne. Ses institutions, comme le Musée de l’Elysée, mondialement reconnu pour sa collection photographique, s’associent au festival pour créer des ponts entre création et patrimoine. Cette synergie confère à la ville une aura unique, à la fois historique et résolument moderne.
Les cafés, librairies et hôtels jouent également le jeu. Partout, on expose des séries inédites : paysages minimalistes, photomontages expérimentaux, portraits documentaires. L’art s’invite dans le quotidien, rendant la photographie accessible même à ceux qui n’entrent pas habituellement dans les musées.
Le public, varié et enthousiaste, participe pleinement à la dynamique du festival. Des étudiants discutent avec des curateurs, des familles s’arrêtent devant une projection géante, des touristes improvisent des visites nocturnes à la lueur des œuvres lumineuses. Cette effervescence fait de Lausanne un théâtre d’échanges et d’émotions.
Les commerçants saluent aussi l’impact positif de l’événement sur la vie locale. Les restaurants et boutiques profitent d’une affluence accrue, tandis que les hôtels affichent complet. Pour beaucoup, ce festival incarne l’alliance réussie entre culture et économie, entre art et ancrage territorial.
Les organisateurs, eux, insistent sur la dimension écologique du projet. Les installations lumineuses utilisent exclusivement de l’énergie renouvelable, et les structures sont réutilisées d’une édition à l’autre. Un engagement concret qui traduit la volonté d’inscrire la culture dans une démarche durable et responsable.
Au-delà des chiffres et du succès populaire, « Images de Demain » reflète une philosophie : celle d’un art vivant, à la fois intime et collectif. Chaque photographie devient une invitation à regarder autrement, à s’arrêter dans un monde pressé. C’est peut-être là le secret de ce rendez-vous lausannois : faire du temps une matière poétique.
Lorsque le festival s’achève, la ville garde sur ses murs la mémoire de ces images éphémères. Les passants continuent d’en parler, les artistes reviennent, et l’idée persiste que la beauté peut se glisser partout, même entre deux pas sur le pavé. Lausanne, le temps d’un automne, devient un musée vivant où la lumière elle-même raconte des histoires.