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Escapade d’automne dans le Val de Travers : entre forêts et absinthe

Le Val de Travers dévoile ses charmes à l’automne, lorsque les collines s’embrasent de couleurs dorées. Les visiteurs découvrent un patrimoine naturel unique, entre balades forestières et distilleries traditionnelles d’absinthe.

2025-10-27 16:42 — Chronique de Julien Rochat

Escapade d’automne dans le Val de Travers : entre forêts et absinthe

À l’arrivée de l’automne, le Val de Travers se pare d’une lumière dorée qui caresse les montagnes et enveloppe les forêts d’un manteau de brume. Les villages s’éveillent dans une quiétude presque intemporelle, tandis que les feuilles des érables et des hêtres se teintent d’orange et de cuivre. Pour qui aime les paysages changeants et la douceur des saisons, cette vallée neuchâteloise offre un spectacle que le temps semble suspendre.

Les randonneurs y trouvent un réseau de sentiers sillonnant les gorges, les crêtes et les pâturages. Parmi eux, le Chemin de l’Absinthe, long de 35 kilomètres, attire chaque année des visiteurs curieux d’allier découverte naturelle et patrimoine culturel. À travers prairies et villages, il raconte l’histoire d’une boisson légendaire autrefois interdite, devenue symbole d’un savoir-faire retrouvé.

Au détour d’un sentier, on croise souvent des distilleries artisanales, discrètes et parfumées d’anis et d’armoise. Les maîtres distillateurs accueillent les visiteurs avec un mélange de fierté et d’humour, dévoilant les secrets d’une tradition transmise de génération en génération. Leur passion donne vie à ce terroir unique, où chaque goutte d’absinthe reflète la patience du geste et la richesse du sol.

Le Val de Travers, c’est aussi une terre de contrastes. Ses forêts épaisses cachent des falaises abruptes et des cavités naturelles impressionnantes, comme les célèbres gorges de l’Areuse, sculptées par les eaux vives au fil des millénaires. Les promeneurs s’y laissent guider par le son de la rivière, tantôt douce, tantôt impétueuse, dans un décor qui rappelle les peintures romantiques du XIXe siècle.

Les villages de Môtiers, Fleurier et Couvet conservent cette atmosphère tranquille propre aux vallées suisses. Leurs façades fleuries, leurs ruelles pavées et leurs cafés au charme d’antan invitent à la pause et à la conversation. Dans les auberges, on sert des plats généreux, souvent accompagnés d’un verre de vin du terroir ou d’une dégustation d’absinthe servie avec lenteur et respect.

À mesure que la journée décline, la lumière d’automne enveloppe la vallée d’un voile cuivré. Les habitants, habitués à la beauté de leur région, la redécouvrent chaque année avec la même admiration. « Ici, chaque saison raconte une histoire », confie un photographe local venu immortaliser la chute des feuilles. Ses clichés révèlent une Suisse intime, loin des clichés touristiques.

Pour les visiteurs venus de loin, le Val de Travers est une parenthèse de sérénité. Les hébergements, souvent tenus par des familles, proposent une hospitalité simple et sincère. Le soir, les voyageurs se retrouvent autour d’un feu, partageant anecdotes et recommandations sur les sentiers à explorer le lendemain. Cette convivialité fait partie intégrante de l’expérience locale.

Outre ses paysages, la région fascine aussi par son patrimoine industriel discret. Jadis terre d’horlogers et de contrebandiers, elle a su préserver son esprit d’indépendance. Certaines anciennes fabriques ont été transformées en musées ou en ateliers d’artistes, offrant un nouveau souffle à une économie fondée sur la précision et la créativité.

L’office du tourisme encourage un développement respectueux, misant sur la randonnée, le cyclotourisme et la gastronomie locale. De nombreux projets visent à valoriser la biodiversité tout en maintenant l’équilibre entre nature et activité humaine. Ici, la durabilité n’est pas un slogan, mais un mode de vie profondément ancré dans les habitudes quotidiennes.

Quitter le Val de Travers à la fin de l’automne, c’est emporter avec soi le souvenir d’un lieu sincère, vibrant et préservé. Dans les ruelles encore humides de rosée, un parfum d’anis flotte dans l’air froid. Le voyageur sait qu’il reviendra un jour, attiré par cette vallée où le silence, la nature et la mémoire se confondent en une harmonie rare.